La France découvre la maison « basse consommation
La France découvre la maison « basse consommation »
Si la maison « économe
en énergie » fleurit chez nos voisins européens, son démarrage reste
timide en France. Au-delà du geste écologique, chacun y voit aussi une
question de budget : Les prix de l'énergie s'envolent. Nul ne sait quel
sera son coût dans dix ou quinze ans. Alors autant devenir le plus
autonome possible.
Mais si l'autonomie se lit sur la durée, avec
des factures allégées, ce type de maison a un coût de départ estimé de
8 à 10 % supérieur à une maison neuve standard.
Jean-Christophe
Visier, le spécialiste du CSTB (Centre scientifique et technique du
bâtiment), pense que le label Effinergie « basse consommation » doit
devenir la norme.
Vous avez participé à la définition du label Effinergie. De quoi s'agit-il ?
Pour
avoir ce label officiel, un bâtiment ne doit pas dépasser une
consommation d'énergie de 50 kilowattheures par mètre carré et par an,
soit deux fois moins que ce qu'impose la réglementation actuelle. On ne
parle que de la consommation du chauffage, de l'eau chaude, de la
ventilation et de l'éclairage. Le premier label a été attribué le 11
octobre à une maison située en Eure-et-Loir, construite par Geoxia
(Phenix).
Le label allemand « Passiv Haus », qui a dix ans, est plus exigeant. Pourquoi ne pas s'en être inspiré?
Le
principe de la maison passive est de pouvoir se passer de chauffage. Le
label allemand existe depuis 1996. Il a été décerné à 7 000 logements.
Nous avons préféré nous rapprocher des critères du label suisse
Minergie qui s'est répandu plus rapidement. L'objectif d'Effinergie est
à la fois faisable et ambitieux. L'espoir est qu'il devienne le
standard le plus vite possible.
Est-ce qu'on peut atteindre de telles performances avec les techniques de construction utilisées aujourd'hui?
Aujourd'hui,
tout le monde fait la même chose. Demain, ce ne sera peut-être pas
l'optimum. Comme il faut doubler les épaisseurs d'isolants, la
construction à ossature (bois ou métal) devient intéressante, elle
n'ajoute pas l'épaisseur d'un mur. L'isolation par l'extérieur permet
d'éviter plus facilement les ponts thermiques et améliore le confort
d'été, en renforçant l'inertie thermique du bâtiment. Quelle est la
technique idéale? Les constructeurs et les artisans vont devoir définir
de nouveaux standards. Dans les deux ou trois années à venir, l'enjeu
sera de trouver les meilleurs.
Est-ce que ces bâtiments basse consommation seront plus cher ?
Pour
les premières constructions, ça peut coûter 15% de plus parce que les
entreprises vont devoir apprendre. ça prendra plus de temps, certains
mettront ceintures et bretelles. Avec l'expérience, le coût baisse très
rapidement. En Suisse, le surcoût est de 3 à 5% pour les maisons
Minergie. Les économies d'énergie réalisées ensuite permettent
d'amortir très vite un tel surcoût. Et les maisons qui ont ce label se
revendent à des prix plus élevés.